Il avait peu de chance qu'avec son diplôme de revêtisseur-étanchéiste, Salavatore Corona devienne l'un des leaders français sur un créneau très pointu, mais très rentable, celui des chaussettes de contention pour sportifs de haut niveau. Il fournit l'OL, le club de Liverpool, a été partenaire des JO de Londres, etc.
C'est cet homme de soixante ans, patron de l'entreprise BV Sports basée à Saint-Etienne dans la Loire qui a reçu le 5 décembre le trophée de la « Victoire des Autodidactes 2016 » pour la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Et peut-être recevra t-il comme le négociant en vins Marcel Guigal, l'année dernière, le prix national, qui sera prochainement remis au Sénat à Paris.
L'histoire de Salvatore Corona est la preuve que l'entrepreneuriat est capable de soulever des montagnes.
Salavatore Corona est né dans un quartier populaire de Terrenoire à Saint-Etienne.
Fils d'émigrés italiens
Ce fils d'émigrés italiens arrivés en France en 1957 se rêve en dessinateur en bâtiment. Il étudie pourtant le génie mécanique, mais ne se présente pas à l'examen de CAP, obligé de travailler pour participer financièrement aux besoins de sa grande famille : il est l'aîné d'une fratrie de six enfants.
C'est quelques années plus tard, où après avoir été embauché pour participer à la construction de la centrale nucléaire de Pierrelate qu'il passe enfin un CAP. Celui de revêtisseur-étanchéiste.
Mais c'est seulement en 1993 qu'avec 50 000 euros comme mise de départ, il crée à Saint-Chamond la société Corona Etanchéité : une réussite. A fin 2006 son entreprise compte une cinquantaine de salariés et vingt intérimaires. Un tel succès que les offres de rachat pleuvent.
Il finit par accepter.
A cinquante ans, va-t-il avec un joli matelas financier en poche, prendre sa retraite ?
C'est mal de connaître. En juin 2006, un ami radiologue lui parle de BV Sport, une entreprise créée dix ans plus tôt par un médecin champion olympique du kilomètre lancé.
Une entreprise aux produits appréciés jusqu'à Clairefontaine, là où s'entraine l'équipe de France de Football, mais aux résultats économiques décevants.
Il prend 51 % du capital de l'entreprise, en devient gérant et crée dans la foulée sa propre usine, avec un label actuellement très couru : « made in France ».
Depuis BV Sports, spécialisée dans la chaussette de contention pour sportifs de haut niveau affiche chaque année une croissance à deux chiffres.
De trois produits à cinquante références
De trois produits, l'entreprise est passée à cinquante références, s'affichant leader français de ce marché de niche avec 24 % de part de marché. Il est distribué dans 2 500 magasins dans le monde et s'apprête à créer une structure spécifique aux USA. « Notre potentiel de croissance, c'est clair, est à l'export », assure-t-il.
Comptant trente-cinq salariés, l'entreprise qui a réalisé en 2015, 4,4 millions d'euros vise cette année les 5,6 millions d'euros
Lui-même sportif adepte des sports de l'extrême, Salvatore Corona explique son succès par l'expertise scientifique extrêmement poussée développée autour de chacun de ses produits.
Il a développé de manière importante la Recherche&Développement, l'amenant à déposer six brevets.
Autre raison de son succès : son goût prononcé pour la communication : « A mon arrivée à la tête de BV Sport, j'ai tout de suite revu le marketing, la communication et les packagings, auparavant quasiment inexistants... »
Il sponsorise également les plus grandes manifestations sportives, tels que l'Ultra Trail du Mont Blanc (UTMB), le Marathon de Paris, etc.
Quels avantages d'être un autodidacte, s'il y en a ? « Je pense que le fait d'être autodidacte m'a amené à être très intuitif, mais aussi, je sais beaucoup déléguer : un autodidacte s'il ne délègue pas beaucoup, il a peu de chances de survivre », lance Salvatore Corona.